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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Sarkozy et l'UMP. Les 3 enjeux auxquels le parti doit faire face pour ne pas imploser

Publié par Lucien Pambou sur 29 Juin 2014, 16:54pm

Par 
Ancien conseiller UMP

 
 
LE PLUS. L'affaire Bygmalion a profondément bouleversé l'équilibre de l'UMP. Alors que Nicolas Sarkozy multiplie les indices d'un possible retour en politique, le parti est inquiet pour son avenir. Se dirige t-il vers une dislocation ? Quelles réformes doit-il entreprendre ? L'analyse de Lucien Pambou, militant à l'UMP.

Édité par Mathilde Fenestraz  Auteur parrainé par Maxime Bellec

 

 

Affaire Bygmalion, démission de Jean-François Copé, procédure d’exclusion de Lavrilleux, prêt de trois millions d’euros au Parti par Christian Jacob Président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, défiance réciproque entre dirigeants et militants UMP : voici les boulets de l’UMP ici, maintenant et demain.
 
Vers une dislocation de l'UMP ?
 
La combinaison de tous ces facteurs auxquels il faut rajouter les ambitions de retour de Nicolas Sarkozy, la volonté des quadras de lui barrer la route (comme Xavier Bertrand, Bruno Lemaire, Laurent Wauquiez), la sage retenue d'Alain Juppé mais qui ne demande qu’une chose, que Nicolas Sarkozy ne revienne pas, la volonté de François Fillon d’en découdre avec l'ancien président de la République alors que ses chances de l’emporter auprès des militants sont faibles, représente un signal fort des éléments de rupture éventuelle, voire de dislocation de l’UMP sur le long terme.
 
Le militant et modeste analyste de la vie politique que je suis est fort inquiet, voire pas très surpris car, une partie de ces éléments, je les avais déjà exposés sur les pages du Plus.
 
L’UMP est arrivée à la fin d’un cycle politique. Jacques Chirac et Alain Juppé en sont les premiers créateurs, même si Alain Juppé n’en n'a pas tiré un profit important en devenant Président de la république comme le souhaitait Jacques Chirac. Ils doivent regarder cette UMP moribonde avec nostalgie.
 
Déclarer la mort clinique de l’UMP
 
Parti hégémonique du centre droit, l’UMP a obligé les dirigeants du centre à être des supplétifs.
 
Borloo, malgré son retrait de la vie politique, a été le premier d’entre eux alors que Bayrou, frondeur et libre, a plus ou moins contesté la place de l’UMP dès lors qu’il n’a plus été ministre au sein des coalitions de la droite UMP et du centre.
 
En 2012, Bayrou a dit qu’il votait à titre personnel pour François Hollande. Ce fut un lèse-majesté pour certains caciques (Guaino) de l’UMP qui ne lui ont jamais pardonné alors qu'Alain Juppé a favorisé son retour dans la vie politique municipale.
 
Bayrou est devenu maire de Pau grâce à l’entregent d'Alain Juppé qui attend le retour d’ascenseur de la part de son obligé : son soutien pour sa conquête éventuelle de la présidence de la République dans l’hypothèse où les militants de l’UMP le désignent comme leur représentant au cours des primaires au sein du parti (à condition que ces primaires se tiennent).
 
L'UMP, un Parti bonapartiste
 
L’UMP est un parti bonapartiste avec un leader identifié et une organisation quasi-militaire à la dévotion de ce leader.
 
Le débat idéologique n’existe pas au niveau des dirigeants au sein de de l’UMP et encore moins au sein des militants. L’UMP n’est pas le Parti socialiste où la vivacité intellectuelle est de mise et où les courants sont actifs dans la façon de "dire la société".
 
Le PS est perçu avec envie par les militants de l’UMP que nous sommes car on peut y débattre, même je ne suis pas dupe que le débat laissé libre est paradoxalement cadenassé par la motion majoritaire.
 
Des militants qui se tournent vers le FN
 
Le problème au sein de l’UMP est que nous n’arrivons pas à lire les transformations de la société et nous avons vu des angles de rupture au sein de notre Parti concernant le mariage pour tous. Il y a un fond commun de pensée sur l’individualisme méthodo-idéologique, sur la notion de responsabilité.
 
Concernant l’État, il y a un courant libéral au sein de l’UMP qui estime qu’il faut un État minimal, alors que la majorité de l’UMP est pour plus d’État, comme au sein du PS. L’absence de débat idéologique au sein de l’UMP empêche cette vérité "pour plus d’État protecteur des Français" d’être dite aux militants par les dirigeants.
 
Il y a une forme de mensonge par omission qui oblige certains militants UMP, pas toujours au courant de ces circonvolutions intellectuelles des dirigeants, à se sentir perdus, surtout lorsqu’ils sont victimes du chômage, de l’injustice et des inégalités, et à se retourner vers le Front national.
 
Il faut regarder la vérité en face et expliquer les comportements de certains de nos électeurs. L’absence de projet et de programme politiques clairement identifiés pour l’UMP est un obstacle fondamental pour la survie de ce Parti. 
 
Certains hauts responsables craignent pour la vie politique de l’UMP et ont même annoncé que l’UMP pourrait disparaître.
 
Le Congrés de l'UMP va être décisif
 
Le Congrès du mois de novembre doit être le moment de clarification des remarques que je viens de faire en amont.
 
Encore faut-il des leaders et des responsables politiques à la hauteur de la tâche de reconfiguration, voire de rénovation, de l’UMP.
 
Les leaders sont connus.
 
Les anciens, parmi lesquels Nicolas Sarkozy, ancien président de l’UMP et de la République. Après les différentes cartes de visite envoyées aux militants et à la France par l’intermédiaire de ses conférences de presse bien rémunérées (puisque d’autres présidents à la retraite en font autant) et surtout des concerts de sa femme Carla Bruni à travers l’Europe, il dit qu’il faut tout changer au sein de l’UMP, mais aussi en France, dans la façon de faire fonctionner les hommes et les Partis politiques.
 
On attend toujours les modalités de changement au-delà des déclarations fortuites sans utilité pratique.
 
Nicolas Sarkozy doit faire preuve de plus de pragmatisme
 
En somme, il faut changer la méthode de faire de la politique.
 
Le sarkoziste que je suis, non pas par accointance avec l’homme et encore moins par adoration "bétifiante" de la personne (comme on en a souvent l’habitude en France) mais surtout pour certaines de ses idées et sa pratique de la politique énergisante, estime que Nicolas Sarkozy doit faire preuve de beaucoup plus de pragmatisme que ses déclarations en conférence et en concert musical.
 
Je fais simplement noter aux uns et aux autres que je suis dans une approche intellectualo-pratique des rapports avec les hommes, les courants et les idées. En France, dans notre pays, on n’a pas l’habitude intellectuelle de ce type d’approche qui mélange à la fois l’approbation et la critique radicale.
 
Les trois enjeux auxquelles l'UMP doit faire face
 
1. Comment revoir le logiciel mental du Parti dans une société qui se transforme radicalement mais qui conserve néanmoins quelques points de conservatisme ?
 
2. Quels sont les nouveaux programmes et projets politiques de l’UMP ? À travers ceux-ci comment la question des Primaires va-t-elle être posée et pratiquée ? Le président élu de l’UMP aura-t-il le droit de se présenter aux primaires ?
 
Que fera l’UMP si Sarkozy, en revenant dans la compétition, s’appuie sur la motion majoritaire de l’UMP, la droite forte (Geoffroy/Peltier), pour poser un certain nombre d’exigences comme le droit du président élu de l’UMP de décider de la suppression des primaires, de transformer le nom de l’UMP et de décider des alliances tous azimuts au nom de la France rassemblée (celle que j’appelle de mes vœux dans un post récent)?
 
Pour éviter les ambiguïtés, je précise que je ne suis pas d’accord avec le Droite Forte comme pourrait l’induire une mauvaise lecture de ma remarque.
 
3. La rupture, qui peut conduire à l’éclatement, dépendra en partie, et seulement en partie (car je ne suis qu’un simple militant ignorant de la subtilité intellectuelle des dirigeants de mon parti, on comprend pourquoi il n’y a pas de problème et que les affaires Bygmalion et autres ne sont que des "mirages réels"), des réponses réelles aux affaires actuelles au sein de l’UMP qui sont saisies par la justice.
 
L’UMP va continuer à vivre, ne disparaîtra pas forcément, mais va être obligée de changer ses dirigeants, son projet et son programme politique, ses méthodes de travail à l’intérieur du parti, avec les fédérations et dans les rapports entre fédérations et militants pour plus de transversalité et de débats militants.
 
Ne pas le faire, c’est ouvrir la porte au siphonnage des militants UMP par le Front national de Marine Le Pen. Et les choses ont déjà commencé.

 

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