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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Hollande ne doit pas démissionner : militant UMP, je le soutiens. Voici pourquoi

Publié par Lucien Pambou sur 8 Septembre 2014, 18:37pm

 

LE PLUS. 85% de Français ne souhaitent pas que François Hollande se représente en 2017. Principal reproche : "les promesses non tenues de sa campagne présidentielle". Alors que certains demandent sa démission, Lucien Pambou, militant UMP, a souhaité prendre sa défense. Il explique pourquoi.

Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par Maxime Bellec

François Hollande à l'Élysée, le 1er mai 2014 (WITT/SIPA)

 

Je ne suis pas devenu socialiste, je n’attends rien en termes de gratification du Parti socialiste et encore moins du président et de mes amis socialistes (car j’en ai dans ma ville d’Alfortville, et ailleurs en France) pour ce que je vais dire maintenant. Je reste fondamentalement UMP et j’attends que mon parti soit en ordre de marche pour qu’une opposition crédible pour la France soit possible.

 

Mais cela suffit maintenant. Halte au "Hollande bashing". Que les médias, les journalistes, et les citoyens que nous sommes, essayent de verser dans la décence dialogique et intellectuelle.

 

Hollande ira au bout de son mandat : tant mieux

 

Il ne s’agit ni de bâillonner la liberté de penser, d’écrire ou de parler, ni d’interdire la communication folle autour du président, mais tout de même nous ne devons pas rabaisser la fonction présidentielle.

 

Ici ou là on entend que le chef de l'État est "cramé", pour reprendre une expression populaire, qu’il n’est qu’à 13% d’opinions favorables et qu’il entraîne dans sa chute le Premier ministre Valls, qui serait passé de 60% d’opinions favorables au début à 30%. Certains journaux vont plus loin et demandent sa démission, ou une dissolution de l’Assemblée.

 

Le président Hollande a répondu qu’il irait jusqu’au bout de son mandat, ce qui est bien d’un point de vue démocratique et du respect du vote des électeurs.

 

Je ne défends pas un homme, mais une fonction

 

Certains ténors des partis politiques ont répondu qu’ils assumeraient leurs responsabilités en cas de cohabitation avec le président, c’est le cas de Marine Le Pen.

 

À l'inverse, d'autres responsables de mon parti refusent la cohabitation, peut-être à juste titre, car pour l’instant l’UMP n’a ni programme, ni stratégie, ni véritable chef et encore moins un projet pour la France en cas d’alternance immédiate.

 

Ce n’est pas une critique en direction de mon parti mais une réalité. Je fais remarquer que, dans notre pays, nous n’avons pas cette culture intellectuelle de la critique positive qui consisterait à questionner son propre parti tout en s’en revendiquant. On préfère les bouches cousues et les bénis oui-oui.

 

Je pense ne pas être un godillot, je ne me suis pas représenté sur la liste UMP des municipales à Alfortville car j’ai dénoncé un certain nombre de choses et de pratiques. Je reste fondamentalement UMPiste et à droite. Je ne peux être suspecté d’une stratégie de rapprochement en direction des socialistes car je défends non pas un homme Hollande, mais une fonction : celle de président de la République française. Le citoyen, au sens platonicien, que je suis a son rôle à jouer dans la société, ne serait-ce que celui de dire ce qu'il pense, ce que je fais ici et maintenant.

 

Le président a négligé le lien social

 

François Hollande a commis plusieurs erreurs en matière de communication politique. Il n’a pas su jouer habilement la relation "interface politique et communication". Il a confondu les deux temps en pensant que sa seule dimension politique, liée à sa victoire en mai 2012, suffisait à lui laisser une grande marge de manœuvre pour que la communication en direction des Français se fasse naturellement.

 

Or, si on reprend des penseurs contemporains aussi éloignés l’un de l’autre que Habermas et Luhmann, on s’aperçoit que le président a négligé dans sa communication politique le lien social et l’adresse en direction des Français. L’étymologie latine du mot communication, à savoir communicare, renvoie à deux préoccupations fondamentales : partager et transmettre, ou établir une relation avec les citoyens.

 

Des défauts de communication politique

 

Le président Hollande n’a pas utilisé les trois champs théoriques concurrentiels de la communication politique.

 

1. L’approche comportementaliste vise à énoncer une question claire : on dit quoi, à qui, par quel canal et avec quel effet. Les différents communicants de l’Élysée, comme Claude Sérillon et d’autres, ont échoué à définir de façon très précise la communication présidentielle.

 

2. L’approche interactionniste s’impose dès lors que l’on admet que la communication est une forme d’interaction et elle devient stratégique car elle repose sur l’analyse des codes sociaux et sur les réponses à donner.

 

3. L’approche dialogique est centrée sur une conception intersubjective de la communication. Elle fait appel à l’interactionnisme symbolique. Elle est dominée par une praxéologie orientée vers la coopération. Le modèle dialogique repose sur l’idée que la légitimité réside dans le consensus obtenu par discussion.

 

François Hollande, en tant que Premier secrétaire du Parti socialiste, avait réussi le modèle dialogique, mais peine à le mettre en place car le PS, qui doit être le relais de la pensée présidentielle, est en panne au plan de la communication. Ce Parti socialiste reste uniquement dans une approche structuro-fonctionnaliste, qui est une approche holiste du politique qui dissout la communication présidentielle dans une communication globale, alors que cette communication présidentielle devait être beaucoup plus fine, précise et fondée sur une approche permettant d’atteindre chaque membre de la société française.

 

Des réussites sur le plan international

 

François Hollande, quoiqu’en disent les sondages, et encore les stratégies du "bashing" permanent, a réussi au plan international à permettre à la France d’occuper la première place en Europe dans les nombreux théâtres de conflits (Afrique, etc.) et à faire de la France le bouclier sur le flanc méditerranéen au service d’une Europe qui parle beaucoup de lutter contre le terrorisme mais qui ne fait rien.

 

La récente décision de madame Merkel au sommet de l’Otan de participer à une coalition pour lutter contre l’État islamique n’enlève rien à cette vitalité de François Hollande qui a dit en premier que la France serait, aux côtés des États-Unis, un partenaire sans états d’âme.

 

Sur le plan budgétaire et interne, les 21 milliards d’euros d’économie ne seront pas réalisés l’année prochaine. Le récent rapport de l’OCDE montre que la France est à la traine derrière la plupart des pays européens de même niveau dans sa lutte contre le chômage, surtout celui des jeunes et des séniors, et que la croissance attendue au cours des prochaines années serait très faible.

 

Tout n'est pas la faute du chef de l'État

 

Malgré ses turpitudes et son incapacité à expliquer une situation dont il a hérité du gouvernement Sarkozy, malgré la mise en retard sur orbite de la nouvelle politique économique sociale libérale dont il faut attendre les effets au-delà de 2017 si les chefs d’entreprise jouent le jeu en investissant, on ne peut tout imputer au président François Hollande.

 

C’est la mode en France : qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse chaud, qu’il y ait des feux de forêt, des inondations, "tout est de la faute" à François Hollande. Quand on ajoute à ce "bashing" le livre de son ex-compagne, Valérie Trierweiler, "Merci pour ce moment" et les irrégularités fiscales de son ex-secrétaire d’État Thomas Thévenoud, aussitôt nommé aussitôt démissionné, le "bashing board" devient complet.

 

Le Général De Gaulle avait dit quelque part que les Français, que nous sommes, étions des "veaux", car trop suivistes. Sans être insultant à l’égard de qui que se soit, je peux noter que beaucoup d’électeurs ne connaissent ni les programmes, ni les enjeux et se contentent de voter comme le faisaient naguère leurs père, mère et grands parents.

 

La chose politique est trop importante pour être laissée aux seuls politiciens. François Hollande a failli au niveau de sa communication, or cette communication, dans un monde de réseaux sociaux, nécessite un style qui doit réinventer la politique et celui-ci repose sur une technicisation et une professionnalisation. Il semble qu’il reste, pour les trois ans qu'il reste (jusqu’en 2017), au président Hollande à construire une infrastructure de communication claire, gouvernée par un pilotage audible du système politique et sociale.

 

Il reste au président à trouver les personnes et le système idoine qui permette de combiner les trois dimensions de la communication : pragmatisme, symbolisme et structuration dans le temps et dans la durée. Monsieur le président, il vous reste à parler et à dialoguer avec les Français.

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