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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Juppé contre Sarkozy : la bataille est-elle ouverte pour la présidentielle de 2017 ?

Publié par Lucien Pambou sur 1 Novembre 2014, 16:47pm

 

Tout les rapproche et tout les sépare. Ils se connaissent depuis 40 ans, ils ont 10 ans de différence d’âge, ils appartiennent au même parti, le RPR devenu UMP, ils ont appris à se supporter sans s’aimer réellement, nécessité politique oblige. Au niveau des responsabilités, Sarkozy a décroché le Graal suprême : la Présidence de la République. Juppé a emmagasiné de l’expérience à travers ses différents postes ministériels, dont le premier d’entre eux, à savoir la primature sous le premier mandat de Jacques Chirac.

 

 

Juppé et Sarkozy visent tous les deux 2017. Juppé l’a déclaré, il se tient prêt et il travaille pour atteindre cet objectif, ce qui à l’heur d’agacer Nicolas Sarkozy qui pensait que son retour à la tête de l’UMP lui ouvrirait les portes le plus facilement du monde pour 2017. Sarkozy va emporter la présidence de l’UMP car, stratégiquement, s’ils s’étaient présentés, ni Juppé, ni Fillon n’avaient de chance de gagner. Ils ont préféré intelligemment ne pas être candidat en réservant leur course pour la bataille suprême : l’élection présidentielle de 2017.

 

 

Une fois que cette évidence est mise sur la table, quels sont les atouts de Juppé vis-à-vis de Sarkozy et comment Sarkozy peut-il terrasser son vieil adversaire (vieux par l’âge comme Sarkozy l’avait insinué) ? Comment Sarkozy peut-il réussir ce qu’aucun Président de la 5ième République n’a fait : revenir aux affaires après avoir exercé une première fois la fonction suprême ?

 

 

Sarkozy affirme vouloir tout changer car il dit qu’il a « changé ». Les réformes sarkozystes ont été timides en matière de retraite, de suppression des 35 heures, du refus de supprimer l’ISF. Il nous présente un nouveau catalogue pour 2017 en disant vouloir modifier le statut des fonctionnaires nouvellement recrutés par des CDD de 5 ans dans la fonction publique. Il souhaite que la France expérimente de nombreux champs possibles en matière économique, comme le gaz de schiste. Il plaide pour un rétablissement de la défiscalisation des heures supplémentaires pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, il nous promet une société plus innovante, plus transparente, plus apaisée grâce à son nouveau magistère. Et pourtant, on n’est pas obligé de le croire car, comme le disait Pasqua, en politique la parole n’engage que ceux qui la reçoivent et non celui qui la prononce. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait de 2007 à 2012 ? Sarkozyste car j’admire l’énergie de l’ancien Président, le militant UMP, que je suis, reste sceptique et attend de voir si le retour de Sarkozy est un retour réel et profond ou la simple écume d’une vague qui risque de se briser sur le récif de la réalité, une réalité marquée aujourd’hui par la difficulté de réformer la société française sur les plans du marché du travail, de la fiscalité, des retraites et sur la nécessaire volonté de construire un projet collectif qui mobilise les Français.

 

 

Sarkozy risque d’être confronté aussi au programme de réformes que propose Juppé. Sans le dire, Juppé a une stratégie politique qui, comme celle de Sarkozy, souhaite le rassemblement des Français. Sarkozy rassemble d’abord son camp et souhaite aller plus loin en faisant disparaitre l’UMP dans un vaste mouvement vers le Centre-droit. Encore faut-il que ce Centre-droit accepte d’être le maroquin d’une droite conservatrice dont le chef s’appellerait Sarkozy. Pour Juppé la bataille contre Sarkozy est engagée. Sans être Président de l’UMP, il sait en tant que « dinosaure » intelligent du parti (il en a été l’un des principaux initiateur-créateur) qu’il existe une partie des militants de l’UMP qui ne sont pas d’accord avec Sarkozy et ses méthodes. Juppé pense que ces mécontents viendront vers lui et qu’il sera toujours temps de trouver un accord de gouvernement éventuel avec d’autres militants de l’UMP que je qualifie de fillonistes. Fillon joue sa partition mais pour l’instant elle reste inaudible.

 

 

La couverture militante de Juppé ne s’arrête pas à l’UMP, elle va du Centre-droit au Centre-gauche grâce à Bayrou qui est tout à fait prêt à renvoyer l’ascenseur à Alain Juppé qui lui a facilité son élection à la mairie de Pau (c’est assez médiocre ce que le PS a fait en présentant un candidat contre Bayrou aux élections législatives). Alain Juppé trouve aussi des électeurs au Parti Socialiste. Ces électeurs, que l’ont peut qualifier de « gaullistes de gauche », existent bel et bien, ont voté pour Sarkozy en 2007 et voteront pour Juppé en 2017 si celui-ci passe le cap de la primaire. D’autres socialistes pur jus, déçus du hollandisme et des turpitudes actuelles entre modernistes et traditionnalistes au sein du PS, voteront pour Alain Juppé sans état d’âme, même si les réformes que proposent Juppé sont difficiles, mais au nom de la France ces électeurs sont prêts à faire un pas vers le « meilleur d’entre nous », comme l’avait en son temps désigné Jacques Chirac.

 

 

Les réformes de Juppé sont clairement identifiées : abandonner les 35 heures par une réforme qui porte sur une réduction du coût du travail, par une simplification du code du travail, par une suppression de l’impôt sur la fortune, par une réduction des charges portant sur les entreprises et par une réduction forte de la dépense publique impliquant 100 milliards d’euros d’économie. Ces réformes rejoignent celles de Fillon mais s’en distinguent par la durée et le temps politique. De plus, Juppé annonce qu’il ne fera qu’un mandat et que les réformes vont se faire tout au long du mandat et non pas de manière brutale.

 

 

Nos compatriotes français, contrairement à ce que l’on dit ici ou là (en amont de mon article je montre moi-même que les Français sont réticents aux réformes) sont prêts à sauter le pas, mais à condition qu’on leur explique, qu’on leur dise pourquoi les réformes sont nécessaires et vers quoi ces réformes nous conduisent. Il faut espérer que la bataille naissante entre Juppé et Sarkozy pour 2017 nous ouvre la voie pour un début d’explication en faveur des réformes réelles pour une France gagnante, rassemblée et optimiste.

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